Islande : Skaftafell & Svartifoss

Ce matin là, j’ouvre les yeux. A travers la toile de tente, les rayons du soleil semblent inonder de leur douce lumière les paysages islandais. Impossible. Je me pince. Aïe ! Je ne rêve pas, c’est bien lui, il est là ?! Le doute subsiste, ni une ni deux, je m’extrais de mon duvet sarcophage ( enfin, ni une, ni deux… mieux vaut être contorsionniste ou avoir l’agilité d’une chenille pour tenter de s’extirper d’un duvet sans ouverture latérale ), je sors de la tente et je le vois. Il est là, l’astre solaire, en chair et en os, enfin disons plutôt tout feu tout flamme.

On l’a déjà aperçu ici et là, timide, caché derrière un épais manteau nuageux. Aujourd’hui, il flamboie, haut dans le ciel. Un ciel bleu azur sans nuage. Euh, enfin, non pas sans aucun nuage, on est en Islande les mecs, faut pas déconner… Mais de petits nuages, de petits nuages blancs doux et cotonneux. Le soleil réchauffe la plaine, les insectes bourdonnent… Alléluia, danse de la joie et tout le tralala ! Oui, parce que bon, on a beau adorer le côté mystique des contrées abruptes islandaises, la beauté sauvage de leurs paysages, la rugosité de ces panoramas… sentir le vent souffler dans nos cheveux ( même si cette même « brise » nous empêche d’ouvrir les portières de la voiture ), le froid polaire réchauffer nos joues ( quand il ne nous gèle pas le bout des doigts )… imaginer faire partie des éléments, faire corps avec la nature, se sentir vivre, libre… on est quand même bien contents quand il fait beau.

Ces quelques jours nous ont appris que le temps change très vite en terres islandaises. Le vent peut tourner en quelques minutes et le ciel se charger d’épais nuages. Il n’y a pas une seconde à perdre si l’on veut profiter de la chaleur du soleil.

Nous sommes à Skaftafell, dans le parc national du Vatnajökull, le plus grand glacier européen. 8400 km² de glace sur parfois près d’un kilomètre d’épaisseur. Le glacier, situé entre deux volcans, fait souvent face aux éruptions volcaniques dont certaines ont été dévastatrices. Car, comme si cela ne suffisait pas, en plus du nuage de cendres, le glacier fond au contact du magma ce qui crée de gigantesques inondations. La dernière irruption en date, est celle du volcan Bárðarbunga qui s’en est donné à cœur joie de mi-août 2014 jusqu’aux derniers jours de février 2015. A un mois près, on aurait peut être pu découvrir ce superbe spectacle, la magie de la lave en fusion… Tout bien réfléchit, on est pas mécontents qu’il ait craché sa lave peu de temps après notre retour. On aime l’aventure mais faut pas pousser mémé…

Depuis le camping de Skaftafell, géré par le parc, au pied du glacier de nombreuses randonnées sont accessibles à tous les publics. De la balade d’une demi heure au trek de plusieurs heures, jusqu’à l’ascension de langues glacières. Comme d’habitude la journée est chargée. En route pour une petite marche jusqu’à la cascade de Svartifoss.

Une promenade matinale durant laquelle on découvre un panorama grandiose. La vue sur la vallée est époustouflante.

Des terres arides qui s’étendent jusqu’à la mer, des rivières qui sillonnent la plaine, des ponts gigantesques que nous avons franchi la veille en venant de Vík, construits pour éviter la destruction de la route circulaire lors des inondations…

Et que dire des vues sur le glacier. La glace s’étend sur des kilomètres au pied de montagnes superbes.

La montée se fait par un petit sentier à travers les buissons et les bouleaux. On se croirait dans les Alpes en plein été. Les sapins en moins.

Les oiseaux gazouillent et le soleil tape fort. On a troqué la veste de montagne et la polaire pour le t-shirt et la crème solaire, même si on garde une petite laine dans le sac.

Puis, on découvre l’une des plus belles cascades d’Islande, Svartifoss. Ce n’est pas la plus impressionnante en terme de débit. Mais, avec ses orgues basaltiques, c’est la chute d’eau la plus graphique. Elle n’a vraiment rien à envier à Gulfoss, Seljalandsfoss ou Skogafoss. Comme sur les plages de sable noir de Vík, on est impressionné par la géométrie quasi parfaite de ces prismes rocheux.

Après avoir passé de longue minutes à la photographier, nous continuons notre petite randonnée en direction de Kristinartindar qui culmine à 1126 m. Faute de temps, nous ferons demi-tour un peu plus haut à une table d’orientation. Profitant encore quelques minutes de la vue imprenable sur Skaftafell.

Nous redescendons ensuite découvrir la bergerie de Sel à quelques minutes de marche en contrebas. En chemin, changement d’atmosphère. On est transporté quelques secondes dans l’univers angoissant d’Alfred Hitchcock. En plein cœur du film Les Oiseaux. Nous sommes littéralement attaqués par une horde de volatiles sauvages ( ouais bon, seulement deux en fait ). Telles des Tippi Hedren ( désolé chéri mais niveau brushing y a une petite ressemblance, non ? Bon… ) nous fuyons, en hurlant, les oiseaux sanguinaires qui nous foncent dessus.

Photo à l’appui ! Nous sommes partis fin juin, début juillet en pleine période de nidification. Les oiseaux protègent donc leur nid et leurs petits. Et on peut dire qu’ils n’ont pas froid aux yeux ! Ils font de véritable piquets, à une vitesse folle, sur quiconque approche trop près de leur petite famille. On n’a pas voulu les stresser trop longtemps. Papa et maman oiseau n’étant pas de très bonne humeur ce jour là, on a passé notre route rapidement. Mais sur le coup, on a observé incrédules leurs folles envolées.

En arrivant à Sel, c’est d’abord les toits herbeux, typiques des fermes islandaises que l’on découvre.

Puis, on pousse la porte de la bergerie pour faire un bond dans l’histoire. Construite en 1912, elle est abandonnée depuis 1946. Mais on trouve encore quelques objets du quotidien à l’intérieur.

Tout en bas se trouvaient les étables au dessus desquelles étaient situées les pièces de vie et les chambres. La chaleur des animaux réchauffant l’air glacial de l’hiver.

La visite est gratuite et la bergerie toujours ouverte.

Sur le sentier qui nous ramène au camping, nous croisons une autre cascade, Hundafoss.

Il se fait tard et nous avons encore de belles découvertes à faire dans la journée. Le glacier de Svinafellsjökull et l’un de nos plus beaux coup de cœur lors ce merveilleux voyage en Islande, les icebergs de Jökulsárlón. On a pas fini de rêver, éveillés…

Photos © Christophe Levet & Violaine Rattin

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