Islande : Myvatn Hverir

L’Islande, la sauvage. L’Islande, la mystérieuse. Toi qui gis aux portes de l’Arctique. Isolée, seule au milieu des eaux froides. Toi qui siffles balayée par les vents. Terre des volcans, tu grondes et craches ton épaisse fumée si haut dans le ciel. La lave coule dans tes veines. Ton cœur saignes. Tu es le feu, tu es la glace. La glace qui pétrifie les eaux. De tes montagnes jaillissent d’infernales cascades. Les larmes d’un inconsolable chagrin. Pourquoi pleures-tu ? De tes blessures naissent tant de beauté.

Des geysers du Cercle d’Or aux mystiques montagnes de Kerlingarfjöll, des plages de sable noir de Vík aux monts colorés de Landmannalaugar, des icebergs translucides de Jökulsárlón aux cascades, des fjords aux baleines d’Húsavík… partout où l’on t’a cherché, tu nous as tant donné. Aujourd’hui encore, tu t’es surpassée !

Le lac Mývatn : « Sa Majesté des mouches »

Ce matin là au camping Bjarg, on dort debout. Ou plutôt, on rêve éveillé. Le cœur encore remplit des émotions de la veille. Et ce n’est pas la vue sur le lac Mývatn qui nous fait redescendre sur terre. Le soleil n’a pas encore pointé le bout de son nez mais les mouettes rieuses, elles, sont déjà là. Elles picorent le sol à la recherche de quelques miettes égarées. Ces drôles d’oiseaux à tête noire ne sont pas les seuls bêtes à plumes attirées par le petit déjeuner de touristes endormis.

Car le lac Mývatn fait le bonheur des ornithologues. De nombreux oiseaux d’eau douce aiment s’y prélasser et en particulier un grand nombre d’espèces de canards. Dont certains vivent sur le lac toute l’année. Quand on sait que cette étendue d’eau naturelle est gelée 6 mois par an… 37 km² d’aire de jeu pour ces oiseaux qui se nourrissent des nuées de moucherons qui pullulent sur le lac. Car le lac Mývatn, littéralement « le lac des mouches » ( Mý : mouche, vatn : lac ), doit son nom à de petits insectes semblables à des moustiques. Et si ils ne piquent pas, leur présence peut être un brin… dérangeante. Par chance, il y en a très peu ce jour là !

L’Islande dans tous ses états

Si la région est très touristique ce n’est pas uniquement pour ses oiseaux. Les curiosités géologiques dont elle regorge ont fait d’elle un des lieux les plus visités d’Islande.

Situé à proximité du volcan Krafla, le parc du lac Mývatn possède un nombre infini de bizarreries. Ici, on sent la terre vivre. Les formations rocheuses sont de toutes les fantaisies et les entrailles de la terre battent.

Volcans en semi-activité, lagons, sources d’eaux chaudes, champs de lave, grottes… et j’en passe. Il nous faudra choisir, impossible de tout faire dans la journée.

Hier, c’est sous un ciel orageux que nous avons fait le tour des crêtes du cratère Hverfjall. Depuis les hauteurs, la vue sur la région de Mývatn est à couper le souffle. Ce matin, le soleil réchauffe les flans sableux du volcan. Les pentes de cendres noires et les roches volcaniques tranchent au milieu des prairies verdoyantes.

Le ciel, désormais bleu azur, se reflète dans les eaux.

Hverir et les sources chaudes

Nous partons découvrir Hverir, une zone géothermique située à 5 kilomètres à l’est de Reykjahlíð, une commune de la rive nord du lac Mývatn.

Une fois sur les lieux, le spectacle est grandiose. Le « dieu soleil » nous honore de sa présence. On croise les doigts pour que ça dure ! Il réveille les paysages et ravive les couleurs. La terre se teinte de lumineuses nuances. Beige, jaune, orange, rouge… tout un panel de coloris ocres qui contraste avec le bleu du ciel.

Hverir est un des sites volcaniques les plus actifs d’Islande. Partout, la terre fume. Fumerolles et solfatares ont pris possession des lieux. La vapeur d’eau, chargée de soufre, jaillit du sol par des fissures. Dioxyde de soufre, sulfure d’hydrogène et autres gaz traversent la croûte terrestre à une vitesse folle. Ils propulsent dans les airs leur panache de fumée blanche qui rendent les paysages si mystérieux.

La terre craquelle et les mares de boue en ébullition glougloute. Comme à Seltún, interdiction de toucher, les températures peuvent atteindre 80 à 200°C. L’eau, les vapeurs et la boue émanent des profondeurs terrestres. Et sous la surface, il fait très chaud !

Les matières, les textures… tout ici est dantesque !

Alors que trop pudiques pour révéler toute leur beauté, les « montagnes des sorcières » avaient conserver leurs secrets. Préférant ne pas nous dévoiler le mystère des couleurs des monts de Kerlingarfjöll. Hverir quand à lui, nous offre un florilège de nuances. Et les alentours du site sont tout aussi colorés. Vert, jaune, rouge, violet, noir, blanc… on en prend plein les yeux !

Dominant le paysage lunaire, Námafjall, une montagne jaune, se dresse au dessus du site hydrothermal. Elle doit sa couleur jaune aux dépôts de soufre issus des sources d’eaux chaudes. Le soufre, extrait des exploitations minières dont elle a longtemps fait l’objet, servait à la création de poudre à canon. Désormais, seuls les touristes foulent ses pentes. Il est d’ailleurs possible de contempler une vue à 360° sur Mývatn depuis son sommet en empruntant un sentier jusqu’au crêtes.

Aux couleurs folles du paysages se mêlent les sifflements et les chuintements des fumeroles. C’est le chant de la terre. La mélodie des eaux souterraines réchauffées par le magma du volcan Krafla.

Les senteurs, elles aussi, marquent les esprits. Une puissante odeur du soufre envahit les lieux.

Mývatn fait exception à la règle. Pour contempler ces paysages exceptionnels, il faut se délester de quelques couronnes islandaises. Depuis peu, c’est un des rares parc nationaux d’Islande payant. L’entrée sur le site d’Hverir vous coûtera environ 700 ISK par personne. Et ce pour protéger la nature et entretenir le site qui doit faire face à une forte affluence. 400 000 personnes ont visité Hverir en 2013.

Après une matinée à observer les mares de boue et les solfatares d’Hverir, c’est aux portes de l’Enfer que nous nous rendons. Nous partons découvrir Leirhnjúkur et sa coulée de lave encore fumante. Un peu de patience, on vous montre ça très bientôt !

Photos © Christophe Levet – Violaine Rattin

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