Voir les baleines en Islande

Husavik Islande baleine

La veille, faute de pouvoir nous rendre à Askja dans les Highlands, nous avions continué notre route au nord de l’Islande jusqu’à Ásbyrgí. Au passage, nous avions découvert Dettifoss, la plus grande chute d’eau d’Europe. La puissance de la nature, la beauté des paysages… Un spectacle à couper le souffle ! Aujourd’hui, c’est un tout autre ballet qui nous attend. Nous nous rendons à Húsavík pour voir les baleines.

Asbyrgi Islande

Nous quittons notre camping d’Ásbyrgí et remontons encore plus au nord par la route côtière 85.

Husavik Islande

Entre Ásbyrgí et Húsavík se succèdent paysages verdoyants et falaises abruptes qui plongent dans l’océan sur fond de sommets enneigés. Au loin, nous observerons les îles de Mánáreyjar, Lundey et Flatey.

Puis, tout d’un coup, alors que je contemple cette étendue d’eau immense qui s’étire devant nous, je l’aperçois.  Ni une, ni deux je m’affole, assène à Christophe de garer la voiture sur le bas côté. Je crie à tue tête : « une baleine, une baleine ! », « Quoi, où, comment ?! ». On finit par se garer, on descend du véhicule à toute vitesse et là, plus rien… Est ce que j’ai rêvé ? On scrute l’horizon dans l’espoir de la revoir, quand soudain, un dos noir sort de l’eau puis replonge. La journée s’annonce bien !

Observer les Macareux

Macareux IslandeMacareux Islande

La vue est superbe ! La route longe les falaises qui surplombent l’eau. C’est l’endroit idéal pour observer les oiseaux. En particulier les macareux qui nichent dans les rochers. Ces drôles d’oiseaux marins qui vivent en haute mer, ne regagnent les terres que pour se reproduire.

Macareux Islande

Surnommé « perroquet de mer » ou « clown de mer » à cause de son bec rouge orangé, le macareux a de courtes ailes. Ainsi, il vole très bas, juste au dessus de l’eau. Par ailleurs, elles lui permettent de nager comme un poisson dans l’eau. Ses pas dodelinants rappellent la démarche des manchots.

Husavik Islande

Puis, nous arrivons à Húsavík, littéralement « la baie des maisons ». Hus signifiant maison et vik baie. Ce petit port de pêche d’un peu plus de 2200 habitants, doit son nom à un explorateur viking, qui après avoir parcouru le pays, construisit sa maison dans ce petit coin de paradis. Qu’importe le climat, les vikings n’ont pas peur du froid !

Voguer avec les baleines

Husavik Islande baleine

Situé dans les fjords du nord de l’Islande, ce village au bord de l’eau, entouré de montagnes enneigées, n’a jamais pratiqué la pêche à la baleine. Pourtant, Húsavík est la capitale de l’observation des baleines en Europe.

Non loin du cercle polaire, elle s’est construite au pied de la baie de Skjálfandi. Un abri naturel, qui devient le temps d’un été le sanctuaire des baleines. A la fonte des neiges, les sédiments tombent des montagnes et se jettent dans l’océan. Une aubaine pour les cétacés qui viennent s’y nourrir et prendre du poids avant de repartir en haute mer. Cette baie profonde accueille 12 espèces qui viennent prendre des forces avant l’hiver.

Husavik Islande baleine

A Húsavík, d’avril à octobre, deux compagnies, proposent le whale watching, l’observation des baleines. Mais aussi du puffin spotting, pour voir de plus près les macareux. Il s’agit de Gentle Giants et North Sailing. Les tarifs des excursions étant similliaires ( compter 58 euros par personne pour 3 h de balade en bateau ), nous choisissons au hasard. Ce sera North Sailing ! Nous embarquons à bord d’un ancien bateau de pêche réaménagé mais vous pouvez aussi choisir de naviguer sur de jolies goélettes.

On ne sait pas à quoi s’attendre ! Les baleines seront-elles au rendez-vous ? Va-t-on passer 3 heures en mer sans l’ombre d’un cétacé ? On nous annonce 98 % de taux de réussite. C’est pas mal mais va-t-on faire parti des 2 % de malchanceux qui ne verrons pas même le bout d’une nageoire.

Autant de questions qui nous submergent, d’autant que la mer et nous, ben ça fait deux ! Christophe est sujet au mal de mer et je ne suis jamais très rassuré de voguer au milieu de l’océan.

Husavik Islande baleine

Pour éviter les nausées, on a bien mangé avant le départ. Une fois sur le bateau, on se positionne à l’avant, ça chahute moins. On fixe l’horizon, bien loin devant tout au long de la navigation. On s’est bien couvert car il fait froid en mer. Des combinaisons sont aussi mises à disposition sur le bateau.

Husavik Islande baleine

Pendant la navigation, le bras droit du capitaine, sosie de Robert Redford, nous raconte des histoires de baleines. Des données techniques : comment les reconnaître, pourquoi viennent-elles ici, combien sont-elles… Mais aussi des histoires de famille, la naissance de la compagnie…

Macareux Husavik Islande

Les baleines sont identifiables grâce à leur queue. Comme nos empreintes digitales, elles sont uniques. Pas une n’est identique.

Dans la baie, vous pourrez voir des baleines de Minke ou Minke Whale en anglais. J’ai tellement l’oreille anglophone qu’il m’a fallu un moment avant de comprendre qu’il ne parlait pas de Milky Way ( version barre chocolatée et non voie lactée, sinon c’est pas drôle ) mais bien d’un petit rorqual qui tient son nom d’un chasseur de baleine. Un spécimen qui peut atteindre 11 mètres pour 10 tonnes et vivre de 30 à 40 ans.

Husavik Islande baleine

Mais aussi, les baleines à bosseHumpback whale ) et non à bosses comme on pourrait le croire. Elles ne tirent pas leur nom des tubercules qui recouvrent leur tête mais du fait qu’avant d’effectuer une plongée ( avant de sonder ), elles font le dos rond. Elles atteignent, en moyenne, 17 mètres de long pour 35 tonnes et peuvent vivre de 40 à 100 ans. Lorsqu’elles remontent à la surface, les baleines à bosse, expulsent l’air de leurs poumons. Le souffle provoque un nuage qui peut atteindre 3 mètres de haut.

Husavik Islande baleine

Il n’est pas rare de voir aussi des dauphins. Et si vous êtes vraiment chanceux, vous pourrez apercevoir le plus gros mammifère marin de la planète, la baleine bleue. Autant vous le dire toute de suite, on a pas eu cette chance !

Husavik Islande baleine

Après une heure de navigation, nous arrivons enfin sur les aires d’alimentations principales. Le capitaine coupe le moteur. Plus personne ne parle sur le bateau. Seul se fait entendre le clapotis de l’eau et le grincement de la coque du bateau. La tension est à son comble.  Tada tada tada… Ne manque plus que la musique des dents de la mer. Tout le monde est à l’affût, on scrute l’horizon. Notre guide balaye de ses jumelles la moindre parcelle d’océan. Un seul mouvement dans les fonds marins et c’est tout le bateau qui retient son souffle ! Quand tout à coup, une masse se déplace juste sous le bateau. Incroyable, elle est tout près de nous, elle se rapproche, elle… elle ben en fait elle c’est juste un banc de méduses qui passaient par là alors qu’on pensait voir surgir un mastodonte des abysses ! Ben quoi, vous en voyez souvent vous des baleines !

Husavik Islande baleine

Les minutes s’écoulent et il ne se passe rien. On trépignent d’impatience. Quand, on la voit enfin. Là, juste devant nous. Elle sort de l’eau pour quelques instants magiques. Balayant les eaux de ces nageoires gigantesques puis replonge. Furtif mais spectaculaire !

Commence alors une véritable course poursuite. Pour ne pas dire une chasse. Un peu comme le capitaine Achab et Moby Dick ! Mais sans harpon, hein ! On est pas là pour leur faire du mal à ces petites bêtes ! Elles sont bien mieux dans l’eau que dans notre estomac. Sea Shepherd sort de ce corps !

Husavik Islande baleine

Quand elles sondent, les baleines peuvent rester sous l’eau plusieurs minutes ( de 2 à 20 min ). Si bien qu’elles peuvent ressortir plusieurs centaines de mètres plus loin. On aperçoit plusieurs spécimens. A chaque apparition, un ooooh général ou un whaaaa tous en cœur retentit. Mais notre bateau se fait vite distancer, d’autant qu’on ne sait jamais de quel côté elles vont apparaitre. On a du mal à les approcher mais le capitaine ne lâche rien. Les bateaux s’informent par radio pour connaître la position des baleines.

Husavik Islande baleine

Mais chaque fois que nous tentons d’atteindre l’une d’elles, un zodiac, sans foi ni loi, véritable cowboy des mers, se jette sur les baleines à peine ont-elles pointé le bout de leur nez. Sensation forte garantie pour les passagers du bateau à moteur, rage et désespoir pour nos pauvres âmes meurtries. Ben quoi, nous aussi on veut les voir les baleines. Et puis, c’est quoi l’idée, leur grimper sur le dos et espérer qu’elle fasse un triple lutz dans les aires, pendant que t’es toujours accroché à leurs nageoires ! Moi jalouse, pfff ! Et allez, encore une baleine qu’on ne rattrapera pas alors que toi speedy gonzales flottant tu l’as atteinte en quelques secondes.

Husavik Islande baleine

Mais tout à coup, alors que tu nous nargues à quelques miles de là, c’est le coup de chance ! Une superbe baleine à bosse jaillit hors de l’eau. Elle tournoie sur elle même avec une grâce incomparable.

Husavik Islande baleine

Elle fait claquer ses nageoires à la surface de l’eau puis recommence sa vrille. Finalement, pas si loin d’une figure de patinage artistique, je te l’accorde. Difficile d’imaginer autant de délicatesse, de légèreté et de précision de la part d’un animal si grand. Elle semble danser dans l’eau et nous inviter à jouer avec elle. Du moins, c’est ce que l’on se plaît à croire. Quelques secondes, quelques minutes, quelques instants magiques, de ceux qui font battre le cœur plus vite et vous noient l’iris dans un bain de larmes salées, pour finir par vous brouiller la vue. Putain, tu vas pas chialer maintenant, tu vas plus rien y voir ! Difficile de capturer le moment. Christophe déclenche l’appareil photo en mode rafale mais elles sont plus rapides. Pour ma part, j’ai choisi de garder ces moments rien que pour moi ! Je vous entends d’ici me traiter d’égoïste ! De toute façon, je suis bien incapable de cliquer sur quoi que ce soit. Exit la photo Instagram, l’iPhone reste au fond de la poche, je suis subjugué par tant de beauté.

Husavik Islande baleine

Alors, je ne vais pas vous mentir. Je ne les ai pas touché du doigt les baleines. Je ne leur ai pas frotté le dos, ni caressé le menton. Mais le bateau peut bien couler, je m’en fiche, je les ai vu, de mes yeux vu !

On pourrait rester là des heures mais notre excursion touche à sa fin. Le capitaine nous ramène au port. Chocolat chaud et roulé à la cannelle pour tout le monde. Enfin… Hé, les gars, y a pas du lait de soja ?! Nan ?! Bon… tant pis, je m’en vais rêver des baleines.

Husavik Islande baleine

Même si on est très vite rappelé à la réalité. Le retour est plus difficile, la mer s’agite, le bateau tangue, les vagues commencent à passer par dessus le bateau. Je retire ce que j’ai dis, je ne veux pas mourir ici ! Bonnet, capuche, on se protège tant bien que mal des projections de l’eau. Le froid s’invite à la fête. Pourquoi, je n’ai pas mis l’une de ces fichues combinaisons avant, maintenant elles sont toutes trempées.

Malgré tout, je contemple encore une fois l’océan. C’est la fin d’après midi, le ciel est couvert mais la lumière est incroyablement belle.

Husavik Islande baleine

Une petite photo souvenir du capitaine et de son équipier, puis nous reprenons la route.

Faire le tour d’un volcan

Myvatn Islande

Il est temps d’aller voir le lac Mývatn. Un des sites les plus visité d’Islande tellement il regorge de trésors. Zones géo-thermiques, volcans, formations de lave, cratères, grottes, sources d’eaux chaudes…

Hverfjall Myvatn Islande

Il est déjà tard mais pas question pour nous de rejoindre le camping tout de suite. On part arpenter les crêtes d’Hverfjall.

Hverfjall Myvatn Islande

Un cratère vieux de 2500 ans. 160 mètres de haut pour 1 kilomètre de diamètre et 20 minutes de montée par un raidillon caillouteux.

Myvatn Islande

Une fois en haut la vue est grandiose ! Impossible de redescendre, on décide de faire quelques pas de plus en empruntant le sentier qui longe le sommet du cratère.

Hverfjall Myvatn IslandeHverfjall Myvatn Islande

Le vent se lève, il est de plus en plus fort, à tel point qu’il est parfois difficile de marcher.

Hverfjall Myvatn IslandeHverfjall Myvatn Islande

Le ciel est orageux mais qu’à cela ne tienne, mètre après mètre, toujours avides d’en voir un peu plus, on finira par faire le tour du cratère pour observer la région à 360 °.

Hverfjall Myvatn Islande

Un bel aperçu de ce que l’on découvrira demain.

Pour l’heure, il est temps de redescendre. On plante la tente au camping Bjarg, en bordure du lac. Il y a tellement de vent qu’on finit par manger dans la salle commune sous une grande tente aménagée. La vue sur le lac est belle mais il fait vraiment froid. Faut dire qu’il n’y a pas de vitres aux fenêtres et qu’une tempête est annoncé dans le sud du pays. Y-a-t-il autant de vent au point de faire tanguer les parois de cette fichue tente-cabine ? Finalement, j’ai le mal de terre

Hverfjall Myvatn Islande

Photos © Christophe Levet

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17 commentaires
  • Répondre Ivy

    juin 8, 2015, 10:06

    Merci pour ces superbes photos ! j’ai découvert l’Islande il y a bientôt deux mois, lors d’un road trip, mais sous la neige . Un charme tout aussi indescriptible 🙂
    En revanche je suis rentrée bredouille de mon excursion à Husavik pour observer les baleines et la mer était TRES agitée ! alors merci de me montrer ce que j’ai manqué 🙂
    et vos photos sont magnifiques !!

    • Répondre Wild Birds Collective

      juin 12, 2015, 10:39

      Ah mince, quel dommage que tu n’ai pas vu les baleines ! L’Islande sous la neige, ce doit être magique aussi ! J’adorerais la découvrir recouverte de son manteau blanc ! Il ne devait pas faire très chaud par contre ! glagla ! 🙂

  • Répondre Esperluette

    juin 8, 2015, 10:53

    C’est marrant comme les sensations que nous avons vécu sont les mêmes, j’avais l’impression de revivre ma virée en mer à Husavik pour voir les baleines en lisant votre article ! Surtout que moi aussi je suis vite malade en mer… et que nous avons également choisi North Sailing sur de nombreux conseils des hôtes qui nous ont reçus lors de notre séjour. Nous avons pris le voilier pdt 4h ! Et nous avons vu des baleines. C’est un spectacle que je n’oublierais jamais. Vos photos sont magnifiques & spectaculaires comme d’habitude. Merci !

    • Répondre Wild Birds Collective

      juin 12, 2015, 10:45

      Merci Laura ! Wahou, l’expédition sur le voilier doit être une superbe expérience ! C’est chouette si tu as pu revivre un peu cette folle virée en mer à travers cet article. Pas prête non plus d’oublier cette après-midi magique à observer les baleine ! 😉

  • Répondre Amélie

    juin 8, 2015, 12:57

    Génial !!!! On a justement prévu d’aller en voir nous aussi ! Ça a l’air d’être une belle expérience. J’ai hâte, j’espère avoir la même chance que toi et pouvoir immortaliser ce moment comme il se doit !

  • Répondre Les Jolis Mondes

    juin 8, 2015, 1:45

    Nous partons en Islande la semaine prochaine, mais nous n’allons pas dans le nord alors nous attendrons un futur séjour pour partir à la recherche des baleines (il parait que c’est beaucoup moins bien à Reykjavik). Vos photos sont superbes, as usual 🙂

  • Répondre LadyMilonguera

    juin 8, 2015, 3:28

    De belles émotions au rendez-vous et de bien beaux souvenirs…

  • Répondre Valérie@EnvieVoyages

    juin 8, 2015, 3:46

    Superbe reportage, quand j’ai fait ce type d’excursion (plus dans le sud pour ma part) pour observer les dauphins, je n’ai pas dégainé une seule fois l’iphone ou autre. Ce moment, je me le réservais pour le vivre pleinement de visu et non à travers un objectif.

    En tout cas, j’avais l’impression d’être sur ce bateau avec vous. Tant on ressent l’excitation du moment (et le mal de mer…).

  • Répondre Letizia

    juin 9, 2015, 9:31

    Avant de commencer je tiens à dire qu’il y a une pointe de jalousie dans ce commentaire 🙂 Waou! L’Islande et puis les baleines… Reportage magnifique, tout à fait d’accord avec Valérie, on ressent l’excitation dans le récit, un moment magique. A mon prochain périple en Islande, c’est promis, je tente la promenade en mer pour apercevoir des baleines!

  • Répondre CHIARA STELLA HOME

    juin 9, 2015, 9:54

    On est encore transporté, les baleines c’est un spectacle époustouflant et magique en même temps.. Avec vos photos on fait partie du voyage! Mercii!

  • Répondre Mélissa

    novembre 13, 2017, 5:35

    Superbe photo !
    Avec quel matériel travaillez vous ? En particulier la dernière, surement avec un fisheye ?!

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